Buana ziua la toate prieteni mele, (à tous mes
amis)
J'entre dans mon 4ème jour de séjour en Roumanie et déjà je ne sais plus
trop par quel bout prendre mon récit... Je prends des notes au fur et à
mesure des situations que je rencontre (les amusantes comme les plus
traumatisantes) et de ce que l'on m'explique sur ce qui se passe ici...
Cela devrait me permettre de vous faire partager le mieux possible mon
expérience. Ce que je puis vous dire de suite, c'est que je ne pensais
pas que ce pays entré dans l'Europe depuis déjà quelques années puisse
encore renfermer une misère aussi criante et une quasi absence d'outils
officiels pour la résorber !
Petite chronologie depuis mon
arrivée :
J'en étais restée à la maison de Francine. C'est
une maison qui se trouve dans le village de Baia de Cris. Francine l'a
achetée lorsqu'elle a décidé de venir œuvrer en Roumanie et elle l'a
aménagée de manière à pouvoir recevoir les bénévoles qu'elle reçoit
toute l'année (des jeunes le plus souvent en formation à caractère
social, des scouts, plus rarement des vieilles comme moi). Francine vit
à la Roumaine car elle dort dans sa cuisine (c'est aussi pour laisser
une chambre libre, celle dans laquelle je dors et qui comporte 3 lits).
Je vous écris sur son ordinateur dans sa pièce de travail qui est aussi
un lieu où l'on peut discuter le soir. Elle a fait construire une
extension à la maison d'origine avec un escalier extérieur qui mène à
deux chambres dortoirs, une salle d'eau pour les stagiaires bénévoles,
et un garage où les bénévoles peuvent prendre leur repas lorsqu'ils sont
nombreux.
Samedi nous sommes allées à Deva. Nous étions
invités à déjeuner chez les filles de Point Cœur. Ce sont des jeunes
filles qui viennent d'un peu de partout et qui s'engagent à donner 14
mois de leur vie dans une action caritative auprès de population
défavorisée... Elles reçoivent en ce moment deux jeunes filles et un
jeune handicapé qui voulaient parler avec Francine de leur projet de
tour du monde avec des handicapés Français dont le but serait de faire
connaître le handicap et de faire prendre conscience aux personnes
handicapées qui bénéficieraient de ce projet de la réalité du handicap
dans des pays moins favorisés... Francine m'a eu l'air de trouver ce
projet un peu fumeux et sur le moment j'ai pensé qu'elle était trop
sévère. Maintenant que j'ai commencé à voir quelle misère elle doit se
colter chaque jour ici, je comprends vraiment mieux qu'elle n'ait guère
envie de faire des concessions... Nous y viendrons bientôt... Ceci dit
nous avons passé un très bon moment avec ces jeunes qui nous ont régalé
d'un plat roumain (sorte de gratin fait avec une préparation de choux,
de riz et de viande hachée).
Dans Deva, il y a depuis peu un
hypermarché avec une galerie marchande semblable à ce que l'on trouve
chez nous (la noi). J'espérais y trouver une carte de Roumanie : eh bien
non il y avait toutes les cartes et plans possibles et imaginables
exceptée la Roumanie, et pas d'autres endroits où trouver cet article.
De retour, Domnisoara (Melle) Bouclette est venue
nous rendre visite. C'est une dame de 63 ans qui travaille auprès de
Francine pour l'association. Elle a 63 ans, perçoit une modeste retraite
et complète ainsi ses revenus comme beaucoup de gens ici. C'est
Bouclette car elle a un chignon bouclé (je crois que c'est Francine qui
a trouvé ce surnom). Elle intervient en particulier auprès des enfants
de l'école à Brad dans le cadre du soutien scolaire (meditatie).
Meditatia est l'une des actions financées par l'association qui
s'adresse à des enfants qui ne peuvent pas travailler dans de bonnes
conditions dans leur famille. Francine évalue avec raison je le pense,
que la seule voie qui puisse permettre aux enfants issus de ces familles
extrêmement déshéritées de s'élever vers une autre condition, est la
réussite scolaire.
Francine connaît Bouclette depuis 1990, année où elle s'était rendue
pour la première fois en Roumanie avec Médecin du Monde. En 1990, Melle
Bouclette faisait partie du personnel de l'orphelinat pour lequel la
mission était intervenue pendant plusieurs mois.
Dimanche 25 aout 2013
Francine a prévu ce matin de me
présenter l'orphelinat de Baia de Cris juste après la chute de
Ceausescu, avec comme support une cassette réalisée par médecin du
monde.
Il est difficile de décrire l'horreur de ce qui a été découvert à cette
époque. Nous avons tous vu des images de cette terrible réalité sur nos
téléviseurs à l'époque. Cependant, non seulement la cassette de médecins
du monde donne un compte rendu plus détaillé de la misère de ces
enfants, des locaux infects comme les sanitaires, mais en plus, le fait
de visionner cette cassette dans une maison du village où se trouvait
cet orphelinat donne une dimension bien plus concrète de ce que tout
cela représente encore aujourd'hui. Cela ne fait que 23 ans que ce
cauchemar s'est interrompu et ces enfants là font maintenant partie des
adultes d'aujourd'hui. (Ils étaient alors triés par catégories suivant
qu'ils avaient plus ou moins bien résisté (ou pas du tout) au traitement
auquel ils avaient été soumis et dirigés vers les unités qui leur
correspondaient : certaines à caractère psychiatrique.)
Francine me dit que certains ont malgré tout réussi
à "s'en sortir" mais que d'autres ne se sont bien sûr jamais relevés du
handicap profond créé par les terribles carences de toutes sortes
auxquels ils ont été soumis (sans compter les sévices dont ils ont fait
l'objet).
L'on voit donc que dès 1990 , les conditions
d'accueil de cet orphelinat du moins sur le plan de la décence des
locaux peuvent être sensiblement améliorée. Pour ce qui concerne ce qui
sera fait par la suite pour que soient pris en compte aussi les besoins
de l'enfant sur le plan de son bon développement psycho affectif dans
ces établissements, Francine m'explique que de nombreuses personnes
roumaines appelées à exercer un rôle d'encadrement ou de tutelle dans
ces établissements sont venues voir ce qui se passait à l'ouest, et à
leur retour ont pu permettre des améliorations considérables.
Francine me fait également
visionner une cassette de son passage à l'émission "Envoyé spécial" où
elle témoigne de son action en Roumanie depuis plusieurs années.
Monique
|