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Je n’oublierai jamais ce pays
aux mille facettes, aux merveilleux paysages et surtout je n’oublierai
jamais ces visages.
A toutes ces personnes rencontrées :
A Melle Bouclette, pour votre accueil, vos
traductions, vos histoires et votre paradis de peinture,
Aux enfants, comme Claudio et son
tambourin, Nicou et la nature …
Aux familles, Bella, Alina, Mr Ratza pour votre
accueil,
A tous les roumains qui m’ont fait partager un bout de leurs
chemins.
A toi Francine : une femme avec beaucoup de courage et de bonté, qui
n’a pas froid aux yeux. Petit à petit tu fais évoluer ce pays, tu bouges
les gens en les confrontant à la réalité. Grâce à ce petit morceau de
papier, j’ai pu venir jusqu’à toi où je te remercie de m’avoir fait
partager toutes ces histoires, ces rencontres, ce magnifique pays. |
Ophélie,
Moniteur-éducateur Tours
Juillet 2011 |
Un petit papier dans ma
trousse …
Au cours de ma formation BTS
Services en Espace Rural en 2008, j’ai fait la connaissance de Mme
Durieux, venue pour une intervention. Elle a expliqué sa mission auprès
de l’association Casa de Copii qui est située en Roumanie. Ce jour là,
j’ai mis sur un petit morceau de papier, les coordonnées de Francine que
j’ai conservées pendant deux ans.
En juin 2010,
j’en ai parlé à deux amies ; Violette et Pauline. Notre projet est prévu
pour juillet 2011, nous donnant le temps de récolter un peu de matériel,
des jeux, des vêtements.
Fin juin 2011, trente neuf heures
de car, nous ont permis de rencontrer Rhodica et sa fille de sept ans
qui allaient rendre visite à leur famille. Cette fantastique roumaine,
aujourd’hui installée en France, nous a renseigné sur son pays, nous a
appris du vocabulaire, nous a aidées. Plusieurs rencontres qui nous
firent entrer en Roumanie, aiguisant notre envie de découvrir ce pays.
Mais en parallèle, il nous restait une boule au ventre avec de multiples
questions comme : comment vivent ces gens ? Que vais-je découvrir ? Que
puis-je apporter en tant que française, venue d’un pays riche.
Dès notre
arrivée, Francine nous raconte les différentes histoires concernant le
pays, l’accompagnement auprès des familles, le centre de placement,
l’animation de quartier. J’avais dans ma tête différentes
représentations mais je ne pouvais pas imaginer ce que j’allais
découvrir, au cours de ce mois de juillet.
Animation/ Education :
voilà la question
Notre première visite a été la
Casa de Copi où nous avons rencontré Lili, qui est la directrice. Puis
nous nous sommes présentées aux enfants âgés de 3 à 18 ans, qui étaient
divisés en deux modules, en fonction de l’âge. J’ai travaillé avec
Violette sur le groupe des petits. Ces enfants nous sollicitaient à
chaque moment pour jouer, fabriquer, chanter et surtout avoir un câlin.
Durant ma
mission auprès des enfants, j’ai alors été très surprise par le travail
des éducatrices, la différence majeure que j’ai pu remarquer est qu’en
Roumanie, le métier d’éducateur spécialisé ne semble pas être le même
qu’en France. En effet, il n’y a pas encore de formation d’éducateurs
spécialisés. Ainsi, les éducatrices n’envisagent pas leur rôle autrement
que sous l’angle de la surveillance. Elles instaurent une hiérarchie
entre les enfants : les plus petits se voyant attribuer les tâches les
plus ingrates. Dans
ce système, le petit enfant, voire le bébé n’est pas considéré comme un
être humain en construction. L’éducation n’arrive que
très tard dans leur vie.
Après une semaine à la Casa de
Copii, nous sommes allées dans l’école qui est à proximité, pour nous
occuper d’une quarantaine d’enfants défavorisés, venant des quartiers de
Brad. L’animation ici, c’est : des enfants qui te sautent au cou, à
peine arrivés dans la cour. Ces enfants souhaitent faire tout ce que
nous proposons avec parfois pas grand-chose, comme Claudio qui voulait
un tambourin : nous avons pris un bout de carton et de la ficelle pour
confectionner son instrument de musique. Il le rangeait le midi, au fond
de la salle, dans un petit tiroir, pour le ressortir le lendemain !
Pendant ce temps d’animation, les scouts de Paris avaient un projet
spectacle, nous étions tous réquisitionnés pour les décors, les
ateliers, les déguisements. Un mois de juillet qui s’est terminé sur un
spectacle magnifique.
Une rencontre, un visage, une histoire
En
parallèle de notre mission auprès des enfants, nous avons travaillé avec
des familles en difficulté : deux adultes, deux enfants, 1 pièce pour
dormir, moisissure, cafards, pas d’eau : la réalité en Roumanie.
BELLA
C’est une jolie tzigane qui vit
dans un immeuble près de la Casa de Copii. Deux petites pièces, une pour
la cuisine et l’autre pour dormir, avec des murs recouverts de
moisissures. Deux adultes et deux petits garçons vivent ici et un bébé
qui doit arriver bientôt. Francine nous apprend aussi qu’elle a une
petite fille qui vit avec sa grand-mère. Bella a perdu tout contact avec
sa mère.
ALINA
Cette jeune femme m’a beaucoup
touchée, dès notre première visite. Elle est diabétique et est devenue
paraplégique à la suite d’un accident. Elle vit avec son mari dans une
petite maison vétuste. Pendant nos visite, elle a pris le temps
d’échanger et de comprendre le français. Malgré la maladie, elle avait
toujours le sourire.
NICOU ET SA FAMILLE
Cette rencontre a été comme un
retour en enfance. Cette famille de tziganes vit près d’une
départementale, une route avec beaucoup de circulation. Les enfants
l’empruntent tous les jours à pieds, matin et soir pour aller à l’école
et à l’animation. Ce jour là, nous avons apporté des vêtements, puis
nous sommes allés avec Nicou et ses deux frères, ils nous ont emmenés
sur une colline près de leur maison, un petit coin de paradis où de
multiples fleurs sauvages recouvraient le sol avec un magnifique paysage
qui se dressait juste devant nous. Ces trois petits garçons nous ont
emmenés en ballade, sur le chemin nous avons compté les escargots,
écouté les bruits de la forêt. Sur le passage, une pause s’est imposée :
mûres et fraises des bois. Puis plus un bruit ! Mais où sont les garçons
? Bou !, on vous a fait peur ! Un paysage idyllique où l’enfance reprend
ses droits.
M. RATZA
Il a été amputé
des membres inférieurs (accident de travail) et a une surcharge
pondérale assez importante. Il a une femme, trois enfants dont deux
ayant un handicap mental. Cette famille vit au deuxième étage d’un
immeuble sans ascenseur. Ce monsieur est sorti que quelquefois seulement
depuis son handicap. Ici, pour moi, on ne parle plus de vie mais de
survie !
Toutes ces personnes se battent
pour vivre où du moins survivre. La Roumanie est un pays qui a connu le
communisme. Cependant la vie est aussi chère qu’en France. Alors que le
salaire moyen est de 300 euros. Le chômage est important, le travail
précaire et saisonnier. Tout se paye, sinon tu n’as rien : examen
médicaux, soin, scolarité parmi d’autres exemples.
Un bilan s’impose
Je pense avoir
rempli ma mission, j’ai même dû laisser un petit morceau de ma
personnalité là-bas comme d’autres bénévoles bien entendu. Pour
continuer à aider et faire évoluer ce pays, j’encourage les jeunes et
les moins jeunes à se lancer et à partir réaliser cette aventure.
La Roumanie est impressionnante de contraste.
L’amour des gens face à la pauvreté. On trouve la joie malgré les
problèmes journaliers rencontrés, les difficultés à manger, à se
déplacer. Malgré tout, les personnes sont accueillantes et conviviales.
Il est difficile de croire qu’aujourd’hui, au 21ième siècle, des pays en
voie de développement puissent encore rencontrer des difficultés aussi
importantes. Nous pouvons comparer la Roumanie d’aujourd’hui avec la
France de nos arrières grands-parents.
Lorsque nous
arrivons dans un pays comme celui là nous nous sentons perdus. Nous
avons toujours peur de mal agir même pour les choses du quotidien. Nous
nous demandons en permanence s’il n’y a pas une autre façon de faire la
vaisselle pour économiser l’eau. On dit souvent que l’argent ne fait pas
le bonheur cependant son contraire est vrai, le manque d’argent
participe au malheur de cette population. N’ayant pas eu cette
éducation, ni ce mode de vie, cela est dur de pouvoir agir sans
appréhension. Nous voulons aider mais on se sent démunis face à ce fléau
qui est la pauvreté en Roumanie. Le principal problème vient de là. Le
pays ne gagnera pas en hygiène, en qualité de vie, sans un développement
économique, éducatif, social incontournable.
Un séjour dans ce milieu est
très enrichissant d’un point de vue social. Nous arrivons dans un pays
que nous ne connaissons pas, où tous les repères habituels ont disparu,
nous apportant de quoi faire des activités avec de la récupération
française, et on s’aperçoit que là bas, cela vaut de l’or alors que les
gens en France sont près à les jeter à la poubelle. Ce n’est plus le
même monde, la société de consommation n’a pas encore investi ce pays.
Nous autres pauvres français, confondons bonheur et consommation, être
et acheter, vivre et dépenser. Le retour à la réalité, en France est
très dur ; les voiture, la pollution, les supermarchés. Tout devient
gigantesque par rapport à la Roumanie. Les supermarchés n’existent pas
en Roumanie, enfin pas à la même échelle, cela ressemble plus à des
superettes, Edouard LECLERC n’est pas encore passé par là… pas assez
d’argent à gagner.
Grâce à cela, je me suis enrichie,
j’ai découvert la réalité en Roumanie. Le petit pas que j’ai fait avec
vous, sera peut-être suivi un jour par beaucoup plus de monde. Ce sera
alors un grand pas pour la Roumanie. Cette expérience a été riche en
émotion, tristesse, gène face à la pauvreté, frustration de ne pas
maitriser la langue roumaine, joie grâce à la dynamique de groupe. Grâce
à cette expérience, que se soit personnelle ou professionnelle, j’ai
grandi ! Merci !
Ophélie
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