Chère Francine,
Un jour de février,
au volant de ma Clio (sans direction assistée), je décide de partir en
Roumanie. Je voulais voir ce que Laëtitia m’avait raconté de ce pays.
Nous avons à ce
moment là échangé quelques mails ; j’ai essayé devant mon écran
de mettre en image ce que pouviez me décrire. Et je suis partie toujours
en imaginant…
A Deva, le 5 Août,
13h30, une voiture s’arrête, au volant une femme : je me suis dit :
c’est Francine. Et là, l’aventure commence. Du vouvoiement, nous
passons au tutoiement : le ton est donné.
Nous arrivons chez
toi : Olivier, Charlotte nous attendent. Le courant passe très vite.
Nous discutons autour du repas de la Roumanie. C’est sans doute la première
fois que je rencontre un prêtre aussi ouvert sur la vie, sans préjugés.
Et c’est parti
à la rencontre de Anda, Lori, Darius, Adi, Serbi, Ionna, Darian, Gaby,
Antonio, Raoul, Bianca, Christina, Lorena : des enfants qui ont le désir
d’apprendre, qui nous apprennent, qui sourient, câlinent.
Des adultes :
Rodica, Viorica, Carmen, Camelia, Gianina, Liviu, Bouclette, Theodor,
Attila, Karine… personnes chaleureuses avec lesquelles nous partageons
le repas, les expériences.
Des familles
pauvres, certes, mais remplies d’attention, d’intentions. Des
personnes chargées d’une histoire difficile, dure, faite de peur, de
corruption.
Des personnes
faisant leur possible pour aider, trouver des fonds, parler avec les
enfants, les familles, soigner, prendre dans les bras…
Oui, il faut voir
pour y croire. Même avec l’expérience que je peux avoir, j’ai pleuré
à certains moments. J’ai eu des frissons en écoutant ces histoires de
vies, de survies.
L’animation,
c’est bien , mais avec ce que je suis, ce que je fais, ce que je
connais, je souhaite apporter ma pierre à cet édifice. Comment ? En
parlant à mon retour, en revenant ici pour partager mon expérience, pour
former, me former, en apprenant leur langue, en prenant contact avec les
formateurs de l’école d’éducs afin de monter un projet.
D’aucuns me
diront que je peux faire la même chose en France. Certes mais :
ferme-t-on les centres du jour au lendemain en laissant les enfants ?
affiche-t-on les dettes des personnes à l’entrée des immeubles ?
la corruption existe-t-elle autant ? les enfant traînent-ils toute
la nuit dehors ?…
Oui cette expérience
fut riche d’émotions, d’échanges, d’amitiés nouvelles ou scellées
encore plus. D’une autre rencontre avec ma fille, de Céline que j’ai
découverte.
Alors merci de
m’avoir permis de rencontrer des gens "riches".
Merci d’être là
pour eux, pour nous. Nos échanges de mails n’étaient qu’un début…
Le courant n’a
donc pas été coupé durant tout ce temps.
Peut-être que
Dieu existe…
Dominique.
Août 2004