Bilan du séjour du 1er
au 21 Août
" On est nés
quelque part… "
Jamais je n’ai
ressenti la chanson d’aussi près : quel écart entre tous ces
gens, entre nous, entre eux et nous ! Quoi de commun entre tous mis
à part le sourire, la langue, le pays ?
Le plus étonnant
ici est qu’en devanture de ces vies extrêmes, il y a toujours la même
joie, la même impression d’échange, de chaleur.
Au cours de ce séjour,
j’ai découvert des gens " riches " : les
enfants qui sont heureux de peu, les enseignantes qui ont soif de
s’ouvrir, de découvrir, des personnes ayant envie de faire bouger les
choses et heureux de partager le peu qu’ils ont. De grands garçons
jouant encore à l’élastique, une quinzaine d’enfants sagement assis
en train de dessiner, des grands aidant les petits. L’accueil d’une
famille simple voulant nous montrer leur chez-eux et faisant leur possible
pour faire plaisir aux " françaises " .
Mais aussi la misère
des habitations, le délabrement des usines, le désintérêt de la
plupart des travailleurs et surtout la vie inhumaine des enfants parqués
comme des bêtes.
Que faire pour ce
pays qui a été si longtemps opprimé et qui se relève doucement, par où
commencer, jusqu’où aller pour leur laisser leur dignité et le plus
important pour ces êtres humains à qui rien n’appartenait, leur propre
liberté de penser ?
Certes, le chemin
est long pour arriver à une vie " correcte " mais
chaque pas est pour eux gigantesque. Pour moi, l’impression générale
qui se dégage est pour les uns, la résignation, pour les autres la
hargne et pour tous, l’envie de vivre.
Principalement, grâce
à Francine, des gens lucides, ouverts, simples et généreux.
Tout en ayant
conscience que derrière le rideau, il existe une grande partie de la
population qui reste encore meurtrie, anéantie, robotisée par ce que le
pays a vécu.
Ici, " tous
les gens sont égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres. "
Charlotte,
Baia
de Cris, le 19 Août 2004.