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Le passé
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Le petit journal de Monique - Roumanie 2014
 
 Densité
Le passé
 
La Roumanie d'aujourd'hui n'a certes plus grand chose de commun avec celle d'hier mais emmène parfois avec elle des pans entiers de de passé qui refusent de se détacher.

Je remarque le fond sonore souvent très prenant au moindre endroit public que nous fréquentons si ce n'est même parfois dans la sphère privée. Plus vraiment rationnel de vouloir comme avant brouiller les sons pour tenter de mettre en difficulté les mouchards dissimulés dans les pièces afin de surprendre les conversations. Je ne crois pas que la précaution soit encore nécessaire mais il se pourrait bien que ce tintamarre permanent ne soit pas sans rapport avec la crainte viscérale qui sévissait du temps où les murs d'ici avaient des oreilles.

Je n'aurais pas moi-même fait cette analyse sans m'être un jour étonnée auprès de Francine de tous ces décibels jetés au vent. Son hypothèse vaut ce qu'elle vaut mais elle pourrait bien mettre en lumière cette inconfort que les gens d'ici se crée en se faisant accompagner de tant de bruit alors qu'ils conversent sur une terrasse de café, dans un bus ou au restaurant.

J'ai mis des années à accepter de fermer mes volets pour protéger ma maison de la chaleur du soleil lorsque je suis venue habiter dans le sud de la France. J'étais du nord où le soleil, denrée rare, doit coûte que coûte entrer dans la maison. Cette nécessité m'avait suivie, irrationnelle mais tellement ancrée que, refusant intimement de sacrifier au bon sens local, je continuai à suer sang et eau de tous mes pores chaque nuit, jusqu'à ce que peu à peu s'estompe la marque de mes origines.

Les roumains ont vécu collectivement dans un climat d'angoisse objectivement révolu, du moins celui qui leur faisait craindre d'être jeté en prison et torturé pour un mot de trop. Se sépare-t-on néanmoins si facilement que cela de précautions qui furent vitales quand bien même le danger sera définitivement écarté ? Pas sûr.

L'empreinte du traumatisme peut aussi prendre la figure d'une certaine résistance à des obligations désormais caduques quand par exemple la quasi-absence de bénévolat dans ce pays semble découler du fait que les gens ont suffisamment travaillé gratuitement pour l'état à l'époque du communisme.

Après de longues journées de travail ou d'étude, il fallait encore donner son temps à l'état qui imposait à ses sujets toute sortes de tâches diverses et ingrates. Le temps était volé et aujourd'hui ne semble pas bien volontiers offert à de bonnes causes.

Il est vrai que beaucoup de gens sont contraints ici de songer d'abord à leur survie mais parmi les gens qui pourraient faire un petit geste, la volonté d'aider est encore un peu timide.
La personne roumaine qui m'a parlé ainsi des causes du peu de bénévolat dans son pays, semblait épouser étroitement ces raisons ne les remettant nullement en question. En attendant que cette situation évolue, il faudra donc bien que l'association trouve des fonds pour poursuivre son action, en particulier celle du soutien scolaire que naïvement, je pensais pouvoir faire réaliser par des bénévoles roumains.

La Roumanie est un pays qui se remet mal d'une très grave maladie. Le pays convalescent est dans notre

Europe mais ne peut avancer plus vite que ne lui permettent ses forces.

Monique.