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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013 |
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Georges, notre curé
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La rentrée |
Iliana. |
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Je suis donc désormais une pro du café turc
(celui grâce auquel je vous lis aussi l'avenir au fond de la tasse).
Iliana raconte : elle connaît bien le carmel puisqu'elle y vient
pour la 8ème fois. Elle est ici avec son dernier enfant Emmanuel, 9 ans.
Ce dernier a à peine connu son père qui est décédé 2 ans après sa
naissance. Le couple roumain vivait en Allemagne lorsque ce malheur est
arrivé, car avant Emmanuel, il y a deux autres enfants, une fille qui a
actuellement 22 ans (qui est revenue vivre en Roumanie sans avoir trouvé
d'emploi), un fils handicapé de 25 ans (qui se trouve en établissement
spécialisé).
C'est pour cet enfant que la famille est venue au
départ vivre en Allemagne : la prise en charge du handicap n'est encore
aujourd'hui, pas toujours évidente en Roumanie, mais ne devait tout
simplement pas exister à l'époque. Monsieur, ingénieur, gagnait
correctement sa vie dans ce pays d'accueil, mais malheureusement n'y a
travaillé qu'un an et demi ce qui ne pas permis à sa veuve de bénéficier
d'une quelconque pension (5 ans de travail auraient été nécessaires).
Iliana a cependant décidé de rester en Allemagne. Elle travaille
maintenant comme aide aux personnes âgées. Ses parents qui sont séparés
et vivent en Roumanie, viennent à tour de rôle l'aider, car ses horaires
ne lui permettraient pas d'être présente quand il le faudrait auprès
d'Emmanuel. Elle m'explique qu'outre les difficultés matérielles
induites par la présence dans une grande ville Allemande (Munich) avec
un petit salaire, il se crée au sein des familles qui partent, des
problèmes très profonds. Emmanuel ne parle presque plus le Roumain, sa
fille est revenue au pays d'origine mais semble avoir des difficultés à
y trouver sa place... Elle-même n'a plus guère le choix du retour et est
limitée dans ses déplacements pour des raisons évidentes de difficultés
financières.
Cette situation d'exil en est une parmi beaucoup
d'autres. En général le motif économique prévaut dans le choix du
départ. Ici, c'est la santé d'un enfant qui semble avoir été
déterminante dans la décision (deux millions de personnes ont quitté le
pays et cela continue)...
C'est l'heure d'une nouvelle prière
dans l'église du carmel... Je suis le mouvement. Puis, nous passons
directement à table (la mère nous a expliqué à notre arrivée que le
repas doit se prendre dans la continuité de la prière). Bénédicité... Le
repas préparé par sœur Eliane le mérite car il est très bon, mais je
mange en face du père tout en noir avec son camembert sur la tête, et
l'on entendrait une mouche voler... Mince ! Tout le monde est déjà
debout en train de prier et je n'ai pas encore commencé à mordre dans ma
pastèque ni fini mon plat principal... Je dois suspendre ma mastication.
Hop, la prière est terminée, tout le monde (sauf le père) débarrasse et
va à la vaisselle. Ha, cette fois, je suis autorisée à finir mon
dessert... Un cas désespéré pour le couvent, doivent-ils penser. Ils
n'ont peut-être pas tort.
Dans l'après midi nous prenons congé de
mère Eliane. Je la remercie sincèrement pour son accueil (même si ces 24
heures au carmel m'ont quelque peu déboussolée, c'était vraiment très
riche en découvertes et le cadre magnifique). Elle m'invite même à venir
en août prochain pour le séminaire... Finalement, je ne lui ai peut-être
pas fait trop mauvaise impression, on dirait.
Monique
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