Voilà déjà 6 semaines que nous sommes à Baia-de-Cris. Nous avons visité à Hunedoara le centre d'enfants et d'adolescents handicapés, Ormis est directeur de l'école, toutes les classes étaient entassées au deuxième étage dans un espace réduit. Après les élections municipales, Ormis a pu récupérer un espace supplémentaire : pendant un mois une partie du personnel a pu travailler à la rénovation de ces classes (peinture, parquet, sanitaires,...). C'est magnifique et très adapté aux handicapés. Ormis a fait un projet avec d'autres pays, de ce fait, les échanges ont déjà pu commencer. Il y a deux semaines ils étaient neuf à aller en Grèce et en Mai, c'est la Roumanie qui recevra les cinq pays (Hollande, Pologne, Italie, Grèce et Hongrie). Je vous rappelle qu'Ormis était venu à Toulouse pour rencontrer des spécialistes de l'autisme et les étudiants psychomotriciens de la faculté de médecine, ceux-ci continuent à venir tous les étés pour prendre en charge les enfants. Je vais vous parler des familles : Yolande est partie en Hongrie avec son mari pour travailler dans les serres. à Brad les dettes s'accumulent, le chauffage et l'eau ont été coupés dans le bloc. En Hongrie, ils ont leurs deux fils installés depuis quelques années, ils ont laissé Rosie chez sa mère, Bella. Chez Bella, cinq enfants et les parents dans quinze mètres carré, cette pièce est très humide, les deux plus petits ont été hospitalisés une bonne partie de l'hiver : bronchite, asthme,... et la mère doit être à l'hôpital avec eux. Le père travaillant dans la construction a été au chômage pendant trois mois et demi, il percevait soixante-quinze euros par mois. Depuis le premier Mars, la propriétaire leur a annoncé qu'elle voulait récupérer le studio. Depuis trois ans, ils ont un dossier à la mairie pour obtenir un appartement mais le maire leur a dit clairement qu'ils en n'auront pas... (ils sont tsiganes). C'est le stress, l'incompréhension, je ne sais comment va se terminer cette situation.... Chez Magda, le mari est retourné au travail après quatre mois de chômage mais il n'a rien touché car cela ne faisait pas un an qu'il travaillait dans cette entreprise. Les enfants terminent la troisième classe. Alexandra, elle, ira au lycée général, mais pour Alexandru, c'est plus difficile et le manque d'argent fait qu'il sera orienté vers une voie de garage : dans un lycée professionnel qui depuis deux ans, n'a qu'un jeune sur cent-cinquante de reçu au BAC... Notre jeune Andrea vit aussi de gros problèmes, sa maman a été licenciée, pour faire un peu d'argent, elle fait du porte-à-porte pour une association d'handicapés. Andrea doit se lever de très bonne heure car elle est scolarisée a vingt kilomètres de son domicile et doit prendre des transports en commun. Chez les Rata, c'est Rodica qui pendant des années a soutenu les deux grands enfants handicapés mentaux, son mari handicapé du travail (deux jambes coupées), il ne peut sortir car l'immeuble ne possède pas d'ascenseur. Ils habitent au deuxième étage. Rodica a de grands maux de dos, ce qui l'oblige à rester au lit. Actuellement, ils n'ont plus d'assurance maladie car il faut aller à quarante kilomètres, à Deva, pour la renouveler. Ils ont un autre enfant, Gaby, qui termine la troisième. Depuis quatre ans, son professeur de mathématiques le discrimine à cause de sa famille, Gaby prend des cours particuliers en mathématiques, là il est à l'aise, fait des progrès... L'orientation en seconde pour lui ne va pas être facile. Chez Antonio, la grand-mère va au moins une fois par semaine à l'hôpital car elle dit qu'elle va mourir... Antonio passe le BAC en juin, lui aussi doit être orienté vers une faculté, sa grand-mère stresse beaucoup car elle va être seule... La jeune Bibi termine sa scolarité professionnelle (vente et alimentaire). Elle a fait son stage au rayon légumes et charcuterie d'un grand magasin à Deva. Le fait que Bibi a dû aller en internat lui a donné de l'assurance, elle a beaucoup mûri, elle semble heureuse. Elisabeth, notre future infirmière, termine sa formation, toujours très dynamique. Elle a arrêté le travail à l'usine de câblage pour se consacrer totalement à la fin de sa formation. Dans la famille Almasan, les trois enfants vont en classe, la fille est en seconde, l'aîné des garçons en troisième et le plus jeune en sixième. Ils n'ont aucun revenu. Ils vivent avec les grands parents qui ont une petite retraite. Ils possèdent du terrain qu'ils cultivent une partie en jardin ; le reste est en champs pour les animaux. A chacune de nos visites, cette famille ne se plaint pas, ils nous présentent leurs animaux (pigeons voyageurs, agneaux,...). A notre dernière visite, la maman nous a parlé d'animaux sauvages, des daims qui venaient manger avec les animaux de la ferme. Quand nous allons visiter Ioana, c'est toujours très agréable malgré la pauvreté, la vétusté de la pièce au bout d'un village, la cour pleine de boue.... Felecite, la maman qui travaille dans une usine de bois, les planches sont envoyées en Egypte, c'est toujours avec humour qu'elle nous décrit ses problèmes : les licenciements, la dureté de son travail, mal payée... Ioana devient une belle jeune fille, elle essaie de suivre à l'école. Notre étudiante Roxana a perdu son grand père, j'ai assisté à l'enterrement. Cette jeune est très timide, marquée par tous ses problèmes. J'ai été heureuse de voir que six de ses collègues de faculté étaient présents pour l'entourer. Au centre placement, il y a vingt-quatre enfants, les adolescents ne sont pas toujours faciles, quelques-uns se permettent d'être absents à l'école. Au soutien scolaire, les enfants sont toujours assidus. Quelques-uns ont participé au concours Kangourou. Nous avons été heureux de recevoir les cartons de pulls, de sweats, les déambulateurs, fauteuils roulants. Tout a été distribué et tout le monde vous remercie. A la maison, il y a toujours Nastasia et le 13, Etienne est venu nous rejoindre, il sera parmi nous pendant deux mois. Il fait un DUT Carrières Sociales. J'espère que la lecture fut bonne, j'attends de vos nouvelles. A bientôt. Francine.