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Compte-rendu du camp compagnon en Roumanie
Voici le
compte-rendu de mes impressions, de mes découvertes, de mon ressenti à
propos du projet solidaire avec les compagnons.
Pendant ce voyage
enrichissant, j’ai découvert une Roumanie surprenante. Malgré moi, je
suis arrivée en Roumanie avec de nombreux préjugés ou plutôt de fausses
images. Cette expérience m’a permise en premier lieu à apprendre à
n’avoir aucun préavis sur les choses et attendre de les découvrir avant
de porter un jugement. Grande étape dans mon éducation personnelle qui
va me permettre de rester plus ouverte et réceptive du monde environnent
! Seulement pour cela, MERCI !!!
Pour faire une
relecture complète de mon camp, j’ai dû séparer toutes mes expériences
et mes souvenirs dans des groupes : les enfants et l’animation, les
visites des familles, nos voyages à travers la Roumanie, la vie à la
maison de Francine.
Les enfants et l’animation
Ce fut une de mes expériences
les plus fortes. Malgré la barrière de la langue, j’ai pu partager des
choses fortes avec les enfants.
Tout d’abord,
leur sourire ! Mais quels sourires !!! Nous pouvions les voir à 4
kilomètres, au moins ! Non, sérieusement, ce sont des enfants qui
sourient souvent ! Ils sont contents de nous voir et de faire des jeux
avec nous et nous le font ressentir et partager. C’est gratifiant pour
les efforts et le temps que l’on a pris pour eux. Belle récompense,
n’est-ce pas ?
Ce sont des enfants souvent partants (car pas toujours)
pour les jeux qu’on leur propose et joyeux, malgré leur vie désordonnée
pour la plupart. Eux, contrairement à de nombreuses personne que je
croise, ont su trouver un fondement de la vie : savoir trouver le
bonheur et le sourire où que l’on soit et quoi qu’il se passe pour nous
pour ressortir plus fort de nos épreuves. De les voir sourire, rire, se
lancer des « glomits » et jouer malgré le faut qu’ils vivent et/ou
voient des choses difficiles, c’est INCROYABLE !
Ce fut une source de joie et
de remise en question sur moi-même : quelle joie je peux trouver dans ma
vie de tous les jours et comment puis-je en sourire ? Voici 2 questions
que je tacherai désormais d’y répondre pour devenir plus optimiste et
souriante !
Une autre source de bonheur : leur
attente chaque matin ! Ils nous attendaient tous les matins pour passer
ses quelques heures avec eux !! Je me souviens très bien de cette fois
où ils nous ont accueilli en lançant des : « Alleluia ! » et en se
jetant dans nos bras ! C’est vraiment gratifiant !
Cette attente est la manifestation selon moi d’un
besoin d’attention (comme pour tous les enfants d’ailleurs) : les
«regarde, tu as vu ce que j’ai fait ?» ou encore les demandes de câlins
et bisous (pour les filles)…
Par ailleurs,
il faut faire particulièrement preuve de patience avec eux : savoir leur
expliquer ou tout simplement leur dire de nombreuses fois de ne pas
jeter des papiers par terre, de ne pas écrire sur les murs, de ne pas
frapper les autres…
D’une certaine manière, nous avons participé à leur
éducation, qui pour certains était déjà très bien (ils sont respectueux,
agréable, poli…) mais qui pour d’autres était plus fragile. J’espère que
ce qu’on a pu leur apporté du point de vue éducatif sera durable et
bénéfique pour leur avenir !
Ils m’ont
permis d’appréhender la réalité de la situation de certaines familles
roumaines : une discussion avec un des jeunes m’a particulièrement
troublé et m’a permise de voir la chance que j’ai de vivre comme je vis.
Voici
ma discussion : « Cosmin :
_ Tu dors seule la nuit ?
Moi : _ Oui, pourquoi ? Tu dors avec quelqu’un ?
Cosmin : _ Oui, avec mon frère. Mais, tu n’as peur
du noir toute seule ? »
Là, je me suis dit : j’ai toujours eu ma propre chambre, mon havre de
paix, mon refuge qui préserve mon intimité et me permet d’avoir un
jardin secret personnel. Eux n’ont pas cette chance : cette intimité,
ils ne la connaissent pas forcément. Où vont-ils se réfugier pour être
seul ? où se sentent-ils protéger de toutes atteintes ?
L’animation a
été très intéressante : j’ai appris de nouveaux jeux, chansons au
contact de Tamara mais aussi de mademoiselle Bouclette et des enfants.
J’ai surtout appris à faire des jeux demandant un
matériel simple. J’ai souvent regretté de ne pas avoir des locaux à
disposition pour y être avec les enfants : impossible de faire de la
peinture, du collage, de la pâte à sel car nous ne pouvions pas rincer
facilement les mains des enfants… C’était dommage car ça a empêché de
mené à bien notre projet initial : construire des instruments de
musiques (souvent issus de collage), de les peindre, custumiser au goût
de chacun et monter un petit spectacle de musique (surtout de rythme en
fait). Nous avions du
nous adapter aux circonstances, et apprendre à faire faire des choses
plaisantes aux enfants malgré les travaux dans l’école. (Il n’y a aucun
reproche dans cette phrase. Il me rappelle une phrase que les chefs nous
avaient dit lors de notre formation de départ à l’étranger : « Votre
projet ne sera jamais exactement comme vous l’avez imaginé et vous
devrez apprendre à vous adapter ».)
Je suis tout de même un peu déçue ne pas avoir su
mener ce projet à bien (ou du moins une partie du projet) ou bien de ne
pas avoir sur rebondir à ce contre-temps.
La présence de
Tamara avec nous pour mener à bien cette animation fut très appréciable
: elle a apporté ses propres connaissances. Comme nous (les 4 scouts)
sommes issus de la même compagnie scoute, nous avons eu les mêmes chefs
et la même éducation scoute. Tamara venant du Luxembourg voyait les jeux
avec les enfants d’une autre manière. C’est très enrichissant de mener à
bien un projet avec quelqu’un que l’on connait peu ! J’ai beaucoup
apprécié !
Je peux dire que les enfants m’ont
beaucoup apporté lors de ces 4 semaines en leur compagnie pour apprendre
à mieux me connaître et ont mis le soleil dans mon voyage !
Les
visites des familles
Ce fut une des expériences les
plus marquantes de mon voyage : la visite des familles. Voir les
familles dont tu t’occupes, Francine, dans leur détresse, leurs besoins,
leurs manques, leurs faiblesses m’a beaucoup bouleversé.
Tout d’abord, ils font preuve d’un grand sens de
l’hospitalité et d’une grande générosité. Même sans rien (ou peu), ils
nous offrent quelque chose à boire et nous accueillent chez eux avec
chaleur ! Je n’ai ressenti aucune froideur par rapport à nous, français
qui « regardent » leur malheur. Je me suis sentie parfois comme une «
voyeuse occidentale » qui vient découvrir le vrai monde. Je ne sais pas
comment je réagirais devant des personnes qui viennent me voir pour voir
mes problèmes, mais je sais toutefois que je ne les accueillerais pas
ainsi ! Ils sont
tellement dans le besoin, vivant nombreux dans des espaces exigus.
Mais ce fut ma
visite dans le camp tsigane qui m’a le plus bouleversée : voir toute la
détresse de ces familles, l’insalubrité des bâtiments, le peu de biens
de chaque famille, le nombre d’enfants sans occupation….
Oui, la visite chez Corina m’a d’une certaine
manière transformée. Quelle perspective d’avenir a-t-elle ?? 2 enfants
sans mari, sans homme à la maison pour ramener de quoi vivre et
participer à l’éducation de ses petites filles… ??? Malade de surcroît ?
Sans possibilité de travail ? Tsigane ? Je n’arrive pas à me dire
qu’elle sortira de cette situation trop difficile… Mais je l’espère de
tout mon cœur ! Le
problème des enfants vient aussi à mon esprit : quelle perspective
d’avenir pour eux aussi sans aide extérieure ? Quelle éducation vont
recevoir ses 2 petites filles ?
Je ne peux mentir en affirmant que cette rencontre
restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Le problème des
tsiganes est majeur : ils vivent en Roumanie, mais exclus de la société.
Rejetés, dévisagés dans la rue, mal-aimés… Quel injustice sociale !!!!
Cependant, certains reproches qu’on prodigue à leur encontre sont justes
: le vol par exemple. Mais n’est-ce pas parce qu’ils se sentent rejetés
et n’ayant accès à presque rien qu’ils doivent voler pour survivre ?
Également, n’est-ce pas parce qu’ils volent qu’ils sont rejetés ?
La vue de ses injustices
sociales pour certains et pas pour d’autres et la vue des conséquences
de ses injustices m’a fait réfléchir au monde de demain que j’ai envie
de construire de par mon engagement : en politique ? Dans une
association ? Au sein d’une institution ?
Les
voyages à travers la Roumanie
La Roumanie que j’ai
découverte dans nos voyages le week-end est une Roumanie aux multiples
facettes : aisance et beauté côtoie pauvreté et misère.
C’est assez impressionnant l’impact du communisme,
tout d’abord dans les villes (architecture, style, grandes avenues,
beaucoup de béton…) mais aussi dans les mentalités et les comportements.
Ce fut très appréciable pour moi de découvrir la Roumanie à travers tous
ses voyages et la visite de musées.
Notre premier
voyage était à Cluj : très belle ville ! J’étais très agréablement
surprise ! Je ne m’attendais pas à une ville si colorée, si propre en
centre-ville avec des petites rues pittoresques. Premier week-end =
première idée fausse disparue.
Puis à Sighet, j’ai été plongée dans le communisme
! Littéralement par la ville avec ses bâtiments bétonnés et sans charme,
mal vieilli mais aussi par la visite du musée du communisme et des
résistants. Ce fut un musée très intéressant pour découvrir le passé des
roumains pendant des générations, avec Ceausescu. Voir ce que beaucoup
ont enduré pendant ses dures années, dans les prisons, les campagnes,
les villes, l’embrigadement, le culte de la personnalité… C’est
bouleversant malgré ma connaissance de l’histoire.
En effet, je connais bien
l’histoire post 2nde guerre mondiale mais je ne connaissais pas tous les
détails de ce qui s’est passé en Roumanie. Découvrir toutes les facettes
du régime de Ceausescu fut intéressant pour bien comprendre les
comportements et les mœurs roumains. J’ai beaucoup aimé cette étape de
notre voyage. Puis, nous
avons découvert un coin pittoresque : Sâpanta avec son cimetière de la
joie (très drôle d’ailleurs si on cherche le métier de chacun) et le
monastère (qui est tout simplement exceptionnel tout en bois !).
Le deuxième
voyage fut à Brasov : ma ville préférée de Roumanie (de celles que j’ai
visité en tout cas !). Mais le fait que nous soyons accompagnés par
Balint, scout de Brasov, nous a bien aidé à découvrir les jolis coins de
la ville. Bref, ce fut beau !
Le troisième
voyage fut à Bucarest, ville par excellence communiste ! Les grandes
rues, les bâtiments tout bétonnés, tout en grand et large ! La ville en
elle-même n’est pas belle : ils existent que quelques « vieilles » rue
(rue des restaurants et des bars) qui sont jolies (et encore que…) mais
le reste des rues ne sont pas admirables. Il existe de beaux bâtiments,
mais ils côtoient des bâtiments délabrés. Puis, ce sont de GROS
bâtiments, massifs, grands…
La seule chose qui vaut le détour selon moi est le
palais de Ceausescu : il est vraiment beau. Une très belle architecture,
témoignant cependant d’un passé peu glorieux.
En somme, dans
mes quelques voyages à travers la Roumanie, certaines petites choses
ressortent : il existe de grands potentiels en Roumanie. De nombreux
bâtiments peuvent être de beaux bâtiments si on leur prodigue plus
d’entretien (ou de l’entretien tout cours). J’ai dans ma tête de
nombreux exemples, comme la gare de Brad, tout simplement.
Ensuite, c’est impressionnant en Roumanie comme de
belles choses peuvent côtoyer des choses beaucoup moins belles. On
trouve souvent un beau bâtiment bien entretenus et avec une jolie
architecture côtoyant un bâtiment dépravé et abandonné.
On ne peut comprendre les
roumains qu’en voyageant et je suis vraiment heureuse d’avoir eu la
chance de découvrir de si belles choses.
La vie à la maison de
Francine
Ce fut très agréable de vivre
chez toi, Francine. Tout d’abord, notre chambre était parfaite ! Très
agréable, confortable. Fin bref, c’était cool !
Mais le plus important, ce ne
sont pas les locaux mais ce qu’il y a dedans !
Une
autre expérience qui m’a été très agréable : connaître d’autres
bénévoles, habités par les mêmes envies que soi (aider les enfants, et
donner son temps pour eux).
J’ai appris à connaître certaines personnes plus
que d’autres : Tamara tout d’abord. J’ai pu bien apprendre à la
connaître grâce à l’animation que l’on a fait ensemble. Dommage qu’elle
ne soit pas restée plus longtemps parmi nous !
Après Mélanie et Roxane : je n’ai pas eu beaucoup
de temps pour les connaître car nous étions pas au même endroit pour
faire l’animation et surtout, nous n’avions pas les mêmes emplois du
temps ! Mais les quelques discussions que j’ai eu avec elle me disent
que ce sont des personnes si top !!!
Soline et Caroline : elles, j’ai pu mieux les
connaître et ce fut un plaisir de passé autant de temps avec elles. Je
compte bien les revoir encore de retour en France, avec les autres
compagnons ! Les 3 sœurs
: nous n’avons pas eu beaucoup de temps ensemble mais ce fut une belle
rencontre.
Bref, la vie à la maison était
très agréable : bonne humeur, blague, grandes discussions, jeux, chants
étaient au rendez-vous et ça fait du bien de prendre plaisir avec des
choses si simples ! Je souhaite que pleins de personnes aient cette
chance de venir en Roumanie, faire de l’animation auprès des enfants et
de rencontrer des personnes aussi formidables et qui vaillent la peine
d’être rencontrées !
Pour conclure, ce fut pour moi une
très belle expérience qui j’espère, éclairera ma vie et mes choix futurs
pour aller dans le sens d’un monde meilleur et plus solidaire. J’ai
beaucoup appris et ces quelques mots ne sont qu’un pâle reflet des
sentiments et des impressions qui m’animent à propos de ce projet que
j’ai mené avec mes 3 acolytes.
Expérience forte, enrichissante, qui m’a fait
grandir dans ma façon d’être, qui m’a enrichi pour le futur…
Merci beaucoup,
encore une fois Francine pour ce que tu m’as (ou nous a) permis de vivre
ici en Roumanie.
Alice
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