Association Casa de Copii

Association Casa De Copii
Baziège

La Page de Alice 2012
Accueil Remonter Reportages Votre soutien Contactez-nous Calendrier Plan du site

  Alice

Compte-rendu du camp compagnon en Roumanie

Voici le compte-rendu de mes impressions, de mes découvertes, de mon ressenti à propos du projet solidaire avec les compagnons.

P
endant ce voyage enrichissant, j’ai découvert une Roumanie surprenante. Malgré moi, je suis arrivée en Roumanie avec de nombreux préjugés ou plutôt de fausses images. Cette expérience m’a permise en premier lieu à apprendre à n’avoir aucun préavis sur les choses et attendre de les découvrir avant de porter un jugement. Grande étape dans mon éducation personnelle qui va me permettre de rester plus ouverte et réceptive du monde environnent ! Seulement pour cela, MERCI !!!


Pour faire une relecture complète de mon camp, j’ai dû séparer toutes mes expériences et mes souvenirs dans des groupes : les enfants et l’animation, les visites des familles, nos voyages à travers la Roumanie, la vie à la maison de Francine.

Les enfants et l’animation

Ce fut une de mes expériences les plus fortes. Malgré la barrière de la langue, j’ai pu partager des choses fortes avec les enfants.


Tout d’abord, leur sourire ! Mais quels sourires !!! Nous pouvions les voir à 4 kilomètres, au moins ! Non, sérieusement, ce sont des enfants qui sourient souvent ! Ils sont contents de nous voir et de faire des jeux avec nous et nous le font ressentir et partager. C’est gratifiant pour les efforts et le temps que l’on a pris pour eux. Belle récompense, n’est-ce pas ?

Ce sont des enfants souvent partants (car pas toujours) pour les jeux qu’on leur propose et joyeux, malgré leur vie désordonnée pour la plupart. Eux, contrairement à de nombreuses personne que je croise, ont su trouver un fondement de la vie : savoir trouver le bonheur et le sourire où que l’on soit et quoi qu’il se passe pour nous pour ressortir plus fort de nos épreuves. De les voir sourire, rire, se lancer des « glomits » et jouer malgré le faut qu’ils vivent et/ou voient des choses difficiles, c’est INCROYABLE !


Ce fut une source de joie et de remise en question sur moi-même : quelle joie je peux trouver dans ma vie de tous les jours et comment puis-je en sourire ? Voici 2 questions que je tacherai désormais d’y répondre pour devenir plus optimiste et souriante !


Une autre source de bonheur : leur attente chaque matin ! Ils nous attendaient tous les matins pour passer ses quelques heures avec eux !! Je me souviens très bien de cette fois où ils nous ont accueilli en lançant des : « Alleluia ! » et en se jetant dans nos bras ! C’est vraiment gratifiant !
Cette attente est la manifestation selon moi d’un besoin d’attention (comme pour tous les enfants d’ailleurs) : les «regarde, tu as vu ce que j’ai fait ?» ou encore les demandes de câlins et bisous (pour les filles)…

Par ailleurs, il faut faire particulièrement preuve de patience avec eux : savoir leur expliquer ou tout simplement leur dire de nombreuses fois de ne pas jeter des papiers par terre, de ne pas écrire sur les murs, de ne pas frapper les autres…

D’une certaine manière, nous avons participé à leur éducation, qui pour certains était déjà très bien (ils sont respectueux, agréable, poli…) mais qui pour d’autres était plus fragile. J’espère que ce qu’on a pu leur apporté du point de vue éducatif sera durable et bénéfique pour leur avenir !


Ils m’ont permis d’appréhender la réalité de la situation de certaines familles roumaines : une discussion avec un des jeunes m’a particulièrement troublé et m’a permise de voir la chance que j’ai de vivre comme je vis.

Voici ma discussion :

« Cosmin : _ Tu dors seule la nuit ?
Moi : _ Oui, pourquoi ? Tu dors avec quelqu’un ?
Cosmin : _ Oui, avec mon frère. Mais, tu n’as peur du noir toute seule ? »
Là, je me suis dit : j’ai toujours eu ma propre chambre, mon havre de paix, mon refuge qui préserve mon intimité et me permet d’avoir un jardin secret personnel. Eux n’ont pas cette chance : cette intimité, ils ne la connaissent pas forcément. Où vont-ils se réfugier pour être seul ? où se sentent-ils protéger de toutes atteintes ?

L’animation a été très intéressante : j’ai appris de nouveaux jeux, chansons au contact de Tamara mais aussi de mademoiselle Bouclette et des enfants.
J’ai surtout appris à faire des jeux demandant un matériel simple. J’ai souvent regretté de ne pas avoir des locaux à disposition pour y être avec les enfants : impossible de faire de la peinture, du collage, de la pâte à sel car nous ne pouvions pas rincer facilement les mains des enfants… C’était dommage car ça a empêché de mené à bien notre projet initial : construire des instruments de musiques (souvent issus de collage), de les peindre, custumiser au goût de chacun et monter un petit spectacle de musique (surtout de rythme en fait).
Nous avions du nous adapter aux circonstances, et apprendre à faire faire des choses plaisantes aux enfants malgré les travaux dans l’école. (Il n’y a aucun reproche dans cette phrase. Il me rappelle une phrase que les chefs nous avaient dit lors de notre formation de départ à l’étranger : « Votre projet ne sera jamais exactement comme vous l’avez imaginé et vous devrez apprendre à vous adapter ».)
Je suis tout de même un peu déçue ne pas avoir su mener ce projet à bien (ou du moins une partie du projet) ou bien de ne pas avoir sur rebondir à ce contre-temps.

La présence de Tamara avec nous pour mener à bien cette animation fut très appréciable : elle a apporté ses propres connaissances. Comme nous (les 4 scouts) sommes issus de la même compagnie scoute, nous avons eu les mêmes chefs et la même éducation scoute. Tamara venant du Luxembourg voyait les jeux avec les enfants d’une autre manière. C’est très enrichissant de mener à bien un projet avec quelqu’un que l’on connait peu ! J’ai beaucoup apprécié !

Je peux dire que les enfants m’ont beaucoup apporté lors de ces 4 semaines en leur compagnie pour apprendre à mieux me connaître et ont mis le soleil dans mon voyage !

Les visites des familles

Ce fut une des expériences les plus marquantes de mon voyage : la visite des familles. Voir les familles dont tu t’occupes, Francine, dans leur détresse, leurs besoins, leurs manques, leurs faiblesses m’a beaucoup bouleversé.

Tout d’abord, ils font preuve d’un grand sens de l’hospitalité et d’une grande générosité. Même sans rien (ou peu), ils nous offrent quelque chose à boire et nous accueillent chez eux avec chaleur ! Je n’ai ressenti aucune froideur par rapport à nous, français qui « regardent » leur malheur. Je me suis sentie parfois comme une « voyeuse occidentale » qui vient découvrir le vrai monde. Je ne sais pas comment je réagirais devant des personnes qui viennent me voir pour voir mes problèmes, mais je sais toutefois que je ne les accueillerais pas ainsi !
Ils sont tellement dans le besoin, vivant nombreux dans des espaces exigus.

Mais ce fut ma visite dans le camp tsigane qui m’a le plus bouleversée : voir toute la détresse de ces familles, l’insalubrité des bâtiments, le peu de biens de chaque famille, le nombre d’enfants sans occupation….
Oui, la visite chez Corina m’a d’une certaine manière transformée. Quelle perspective d’avenir a-t-elle ?? 2 enfants sans mari, sans homme à la maison pour ramener de quoi vivre et participer à l’éducation de ses petites filles… ??? Malade de surcroît ? Sans possibilité de travail ? Tsigane ? Je n’arrive pas à me dire qu’elle sortira de cette situation trop difficile… Mais je l’espère de tout mon cœur !
Le problème des enfants vient aussi à mon esprit : quelle perspective d’avenir pour eux aussi sans aide extérieure ? Quelle éducation vont recevoir ses 2 petites filles ?
Je ne peux mentir en affirmant que cette rencontre restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Le problème des tsiganes est majeur : ils vivent en Roumanie, mais exclus de la société. Rejetés, dévisagés dans la rue, mal-aimés… Quel injustice sociale !!!! Cependant, certains reproches qu’on prodigue à leur encontre sont justes : le vol par exemple. Mais n’est-ce pas parce qu’ils se sentent rejetés et n’ayant accès à presque rien qu’ils doivent voler pour survivre ? Également, n’est-ce pas parce qu’ils volent qu’ils sont rejetés ?
La vue de ses injustices sociales pour certains et pas pour d’autres et la vue des conséquences de ses injustices m’a fait réfléchir au monde de demain que j’ai envie de construire de par mon engagement : en politique ? Dans une association ? Au sein d’une institution ?


Les voyages à travers la Roumanie

La Roumanie que j’ai découverte dans nos voyages le week-end est une Roumanie aux multiples facettes : aisance et beauté côtoie pauvreté et misère.

C’est assez impressionnant l’impact du communisme, tout d’abord dans les villes (architecture, style, grandes avenues, beaucoup de béton…) mais aussi dans les mentalités et les comportements. Ce fut très appréciable pour moi de découvrir la Roumanie à travers tous ses voyages et la visite de musées.

Notre premier voyage était à Cluj : très belle ville ! J’étais très agréablement surprise ! Je ne m’attendais pas à une ville si colorée, si propre en centre-ville avec des petites rues pittoresques. Premier week-end = première idée fausse disparue.
Puis à Sighet, j’ai été plongée dans le communisme ! Littéralement par la ville avec ses bâtiments bétonnés et sans charme, mal vieilli mais aussi par la visite du musée du communisme et des résistants. Ce fut un musée très intéressant pour découvrir le passé des roumains pendant des générations, avec Ceausescu. Voir ce que beaucoup ont enduré pendant ses dures années, dans les prisons, les campagnes, les villes, l’embrigadement, le culte de la personnalité… C’est bouleversant malgré ma connaissance de l’histoire.
En effet, je connais bien l’histoire post 2nde guerre mondiale mais je ne connaissais pas tous les détails de ce qui s’est passé en Roumanie. Découvrir toutes les facettes du régime de Ceausescu fut intéressant pour bien comprendre les comportements et les mœurs roumains. J’ai beaucoup aimé cette étape de notre voyage.
Puis, nous avons découvert un coin pittoresque : Sâpanta avec son cimetière de la joie (très drôle d’ailleurs si on cherche le métier de chacun) et le monastère (qui est tout simplement exceptionnel tout en bois !).

Le deuxième voyage fut à Brasov : ma ville préférée de Roumanie (de celles que j’ai visité en tout cas !). Mais le fait que nous soyons accompagnés par Balint, scout de Brasov, nous a bien aidé à découvrir les jolis coins de la ville. Bref, ce fut beau !

Le troisième voyage fut à Bucarest, ville par excellence communiste ! Les grandes rues, les bâtiments tout bétonnés, tout en grand et large ! La ville en elle-même n’est pas belle : ils existent que quelques « vieilles » rue (rue des restaurants et des bars) qui sont jolies (et encore que…) mais le reste des rues ne sont pas admirables. Il existe de beaux bâtiments, mais ils côtoient des bâtiments délabrés. Puis, ce sont de GROS bâtiments, massifs, grands…
La seule chose qui vaut le détour selon moi est le palais de Ceausescu : il est vraiment beau. Une très belle architecture, témoignant cependant d’un passé peu glorieux.

En somme, dans mes quelques voyages à travers la Roumanie, certaines petites choses ressortent : il existe de grands potentiels en Roumanie. De nombreux bâtiments peuvent être de beaux bâtiments si on leur prodigue plus d’entretien (ou de l’entretien tout cours). J’ai dans ma tête de nombreux exemples, comme la gare de Brad, tout simplement.
Ensuite, c’est impressionnant en Roumanie comme de belles choses peuvent côtoyer des choses beaucoup moins belles. On trouve souvent un beau bâtiment bien entretenus et avec une jolie architecture côtoyant un bâtiment dépravé et abandonné.
On ne peut comprendre les roumains qu’en voyageant et je suis vraiment heureuse d’avoir eu la chance de découvrir de si belles choses.

La vie à la maison de Francine

Ce fut très agréable de vivre chez toi, Francine. Tout d’abord, notre chambre était parfaite ! Très agréable, confortable. Fin bref, c’était cool !

Mais le plus important, ce ne sont pas les locaux mais ce qu’il y a dedans !

Une autre expérience qui m’a été très agréable : connaître d’autres bénévoles, habités par les mêmes envies que soi (aider les enfants, et donner son temps pour eux).
J’ai appris à connaître certaines personnes plus que d’autres : Tamara tout d’abord. J’ai pu bien apprendre à la connaître grâce à l’animation que l’on a fait ensemble. Dommage qu’elle ne soit pas restée plus longtemps parmi nous !
Après Mélanie et Roxane : je n’ai pas eu beaucoup de temps pour les connaître car nous étions pas au même endroit pour faire l’animation et surtout, nous n’avions pas les mêmes emplois du temps ! Mais les quelques discussions que j’ai eu avec elle me disent que ce sont des personnes si top !!!
Soline et Caroline : elles, j’ai pu mieux les connaître et ce fut un plaisir de passé autant de temps avec elles. Je compte bien les revoir encore de retour en France, avec les autres compagnons !
Les 3 sœurs : nous n’avons pas eu beaucoup de temps ensemble mais ce fut une belle rencontre.

Bref, la vie à la maison était très agréable : bonne humeur, blague, grandes discussions, jeux, chants étaient au rendez-vous et ça fait du bien de prendre plaisir avec des choses si simples ! Je souhaite que pleins de personnes aient cette chance de venir en Roumanie, faire de l’animation auprès des enfants et de rencontrer des personnes aussi formidables et qui vaillent la peine d’être rencontrées !

Pour conclure, ce fut pour moi une très belle expérience qui j’espère, éclairera ma vie et mes choix futurs pour aller dans le sens d’un monde meilleur et plus solidaire. J’ai beaucoup appris et ces quelques mots ne sont qu’un pâle reflet des sentiments et des impressions qui m’animent à propos de ce projet que j’ai mené avec mes 3 acolytes.
Expérience forte, enrichissante, qui m’a fait grandir dans ma façon d’être, qui m’a enrichi pour le futur…

Merci beaucoup, encore une fois Francine pour ce que tu m’as (ou nous a) permis de vivre ici en Roumanie.

Alice