Hélène Etudiante à l'ICSSA de Niort

I M P R E S S I O N Immense, Magnifique, Partagée, Religieuse, Extraordinaire, Silencieuse, Séduisante, Incroyable, Obscure, Nuances... IMMENSE par sa générosité et par la chaleur de ses habitants. Si dans un premier temps les roumains n'ont aucun scrupule à dévisager les gens dans la rue sans discrétion, ensuite lorsqu'ils vous ouvrent la porte de leur maison, ils vous reçoivent comme des rois. Dans les familles les plus démunies, il y a toujours un café qui vous est servi ou un verre de soda. Il est d'ailleurs assez malvenu de refuser. MAGNIFIQUE par ses paysages et ses couleurs. D'un bout à l'autre du pays, les paysages changent sans se ressembler. J'ai vu peu de plaines mais beaucoup de montagnes avec une végétation différente à chaque fois. Tout ce vert me donnait une impression d'oxygène permanente malgré la poussière. La couleur ne vient pas que de la nature. Les façades des maisons sont très souvent colorées, donnant un air de fête à des routes plutôt tristes parfois. Certains jours le soleil était si fort qu'il écrasait de sa lumière, rendant le paysage blanchi. Cependant, dès qu'un nuage venait à se manifester, toutes les couleurs réapparaissaient pour le plus grand bonheur de mon appareil photo. PARTAGEE entre ses communautés. Il est visiblement difficile pour le peuple roumain de se sentir véritablement uni. Si, pendant des siècles, son union n'a pas été possible, aujourd'hui elle l'est mais cette union demande de faire des compromis et des concessions. Le partage géographique ne satisfait pas la communauté hongroise ou de langue hongroise qui voudrait son indépendance au cœur du pays, en Transylvanie. De même, le peuple moldave est partagé en deux par une frontière, entre Roumanie et Moldavie. Néanmoins, le plus grand écart que j'ai pu observé se situe dans la considération que les uns ont envers les autres. Il existe dans ce pays une forme de racisme envers les Roms, malgré qu'ils soient sédentarisés, qu'ils travaillent et que leurs enfants aillent à l'école. Ils sont mal considérés du fait d'un certain nombre d'entre eux vivant marginalement de vols et de trafics. Ces derniers, quand ils réussissent, construisent des quartiers entiers de villas pouvant accueillir plusieurs familles. Cependant, ceux qui ont le plus de mérite, sont ceux qui travaillent à l'école dans le but d'apporter un plus à leur communauté comme Elisabeth qui suit des études d'infirmière pour pouvoir soigner les Roms dans les squats, lieu où elle a vécu et où vit sa famille. RELIGIEUSE avec ses points rouges. La Roumanie est un pays religieux car il n'y a pas comme en France la séparation de l'Eglise et de l'Etat. La majorité du pays est orthodoxe, la minorité étant catholique et protestante. La religion est très présente dans la vie des roumains. Partout, on voit des crucifix, des icônes et les églises poussent comme des champignons (1 église tous les 200m parfois). Pour revenir sur l'histoire des points rouges, les orthodoxes définissent selon le calendrier les points rouges dans l'année. Ces jours- là, ils ne peuvent pas effectuer toutes les tâches habituelles telles que la lessive par exemple. Ceci nous a bien servi quelques fois. EXTRAORDINAIRE comme expérience. Il est évident que je ne savais pas où je mettais les pieds en venant ici. J'ai eu beau lire des livres sur le pays, rien de tel que de venir sur place pour découvrir ce pays, ce peuple, ces vies... Les différentes rencontres que j'ai faites avec des gens dans les situations très diverses m'ont permis de mieux comprendre la mentalité roumaine. Une femme nous a raconté que malgré son travail, sa situation financière ne lui permettait pas de payer les études de son fils donc chaque été elle partait travailler en Italie pendant un mois. Ce salaire lui permettant ensuite de financer un an d'étude. Cela peut paraître dérisoire mais c'est la seule chance que les enfants ont de sortir de la vie de labeur que leurs parents mènent. J'admire le courage de ces parents dont le seul but est d'améliorer la vie future de leur enfants. SILENCIEUSE par habitude. Pendant le communisme, la répression était si forte que malgré la délation, les Roumains semblent avoir pris l'habitude de ne rien dire. Aucune révolte... Leur situation n'est pourtant pas rose. Ce pays me paraît exsangue, comme si son réveil lui avait été fatal. La révolution a eu lieu 20 ans plutôt et pourtant rien ne semble avoir changé. Certaines personnes en viennent même à regretter le communisme car ils avaient du travail et de quoi manger à ce moment là ce qui n'est pas toujours le cas maintenant. Pour moi qui suis française donc née dans une société où pour la moindre broutille on se plaint et on fait grève, cette situation me laisse sans voix. SEDUISANTE par sa langue si proche de la nôtre. Le roumain est une langue latine par excellence, entre latin, espagnol et italien pour la prononciation. Je ne suis pas très douée pour l'apprentissage des langues mais là c'est du gâteau. Au bout de 15 jours, on comprend la plupart des conversations. Cependant, je ne suis pas vraiment capable de parler après 6 semaines. Je pense pourtant qu'en rentrant j'aurai pris le pli de répondre à certaines phrases en roumain. INCROYABLE par sa chaleur. Sa chaleur humaine, tout d'abord. Les Roumains se montrent très amicaux avec les français, ce qui rend plus facile la prise de contact. Quant à sa chaleur au sens météorologique, j'ai pu en profiter aussi. L'avantage a été que si dans la journée la chaleur pouvait être écrasante, le soir elle laissait place à la fraîcheur, me permettant de mieux dormir. OBSCURE quand il s'agit de s'occuper de l'autre s'il est différent. Cet aspect a été un véritable choc pour moi. Je prendrai comme exemple celui des enfants handicapés qui lors d'un après-midi de jeux organisé pour les enfants du centre de placement se voyaient interdit de participer par les autres enfants. Avec ma coéquipière, il nous a fallu insister pour les faire jouer, ce qu'ils ont apprécié. Le plus agaçant était de voir que même l'éducatrice qui les accompagnait ne prenait pas partie. Il semble que la différence leur fasse peur. NUANCES. Ce séjour en Roumanie m'aura apporté beaucoup. Quand on entre dans ce pays, il est nécessaire d'avoir l'esprit le plus ouvert possible afin de ne pas se prendre des « claques » dans la figure à chaque coin de rue. Le pays sort avec difficulté d'une situation politique dans laquelle le peuple n'avait pas droit à la parole, d'une situation économique délicate basée sur la collectivisation des terres ne permettant pas une bonne exploitation, et d'une situation sociale figée car la solidarité est quasi-inexistante. La nuance se situe alors dans la liberté d'expression que le peuple roumain n'utilise que trop peu, dans les ressources du sol qu'il n'exploite pas assez au niveau de l'agriculture et de l'horticulture, et dans les capacités de construction d'une société plus juste pour chacun. Si pendant longtemps, ce peuple n'a pas pu agir pour lui même, aujourd'hui il en a la capacité, et je souhaiterai qu'il la saisisse pour se prouver à lui même qu'il le peut et pour prouver à l'Europe et au Monde qu'il a toute sa place. Hélène