Association Casa de Copii

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Baziège

La page de Faustine 2009
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  Faustine
   
Bilan du séjour en Roumanie du 3 au 21 juillet.

Tout dabord, je tiens à préciser que ce compte rendu n'est pas complet et qu'il ne comporte que les choses qui m'ont paru les plus importantes à écrire : description de l'école, de la visite des familles et des excursions... J'espère qu'il pourra néanmoins vous intéresser et je vous invite d'avance à rejoindre le groupe «Baia de Cris, Des français chez Francine» sur facebook, si vous souhaitez nous contacter et avoir davantage d'informations!

*L'école, les enfants*

L'école où nous travaillons tous les matins n'est pas située à Baia de Cris : il faut prendre un train avec l'institutrice, dîte "Bouclette", jusqu'à Brad, une petite ville aux allures années 60 : des barres d'immeubles, grises, un peu délabrées : "*L'Etat n'a pas d'argent pour rénover*"... Le train est plein, particulièrement le jeudi (jour du grand marché) et l'on ne paye jamais la même chose : 2,5 lei (avec le ticket), 1 lei (dans la poche du contrôleur) ou même rien du tout, s'il y a trop de monde, qu'il fait chaud et que le contrôleur n'a pas envie de sortir le carnet. Le chemin de fer traverse les champs, les paysages sont superbes.
Arrivées a Brad, direction l'école, à environ 20 bonnes minutes de marche. Les enfants sont généralement en avance et nous guettent au bout du chemin, puis courrent dans notre direction quand ils nous voient (enfin!...) arriver... Ils s'accrochent à notre cou, nous embrassent puis nous tiennent la main jusqu'à l'école, fiers de nous montrer le chemin et la salle de classe quand on ne la connaît pas encore. La salle est petite mais regorge de décorations diverses, de boîtes de feutres et de crayons, de jeux et de de perles ; une caverne d'ali baba ou chacun arrive pourtant à s'y retrouver, et à trouver ce qu'il cherche!... L'école est un lieu relativement ouvert : les enfants sont libres d'aller et venir dedans ou dehors, voire en dehors de l'école. On s'aperçoit vite que l'organisation de jeux ou d'activités manuelles est délicate : les enfants sont curieux mais avec nos trois mois de roumain qui tournent en boucle, on a quand même du mal à leur expliquer qu'il faut découper le papier de cette façon pour faire l'origami oiseau ou qu'il faut sauter dans les cerceaux d'un seul pied et sans renverser les gobelets d'eau qu'on leur a confiés. Il faut systématiquement passer par Bouclette pour avoir une traduction, et ce n'est pas toujours commode. C'est finalement un peu délicat d'avoir autour de soi tous ces enfants qui attendent de nous beaucoup, qui veulent nous parler, et d'être obligé de répéter l'éternel "*nu intseleg*" (je ne comprend pas) à longueur de journée. D'un point de vue strictement personnel, la barrière du langage est finalement ce qui m'a le plus gênée dans ce travail. Les enfants sont formidables, curieux et plein de vie, nous avons passé de bons moments avec eux et ils ont apprécié notre présence, mais ne pas pouvoir communiquer avec eux (du moins avec des mots) était quand même frustrant!

*Les familles*

19 juillet: Francine m'emmène avec elle voir une famille à qui elle distribue chaque mois les 50 euros d'un parainage. Le père est absent, la mère vit seule avec sa fille dans la gare de Baia de Cris. Je suis passée devant la gare tous les matins, mais jusque là, je ne suis jamais rentrée dans ces petites pièces fermées qui la bordent. De l'extérieur, on ne voit que les rideaux aux fenêtres, et parfois une ou deux têtes qui dépassent. Je suis émue de pouvoir rentrer dans l'une de ces habitations. Deux pièces ont été amménagées pour former un petit appartement qui paraît correct à première vue: des meubles, une plaque pour la cuisine, deux lits, un chauffage (...). Il y a même une télévision et un poste de musique avec amplis, là haut sur l'étagère. Mais pourtant, rien n'est branché... Francine m'explique qu' il n'y a pas d'électricité : la mère a fait la demande depuis un moment mais les locaux de la gare vont peut être être vendus (la ligne n'est plus rentable). La gamine, une petite blonde pleine d'entrain et toute souriante, pointe le poste de télévision : "quand on aura l'électricité, je pourrai regarder la télé en continu!...". La mère, elle, fouille sur l'étagère et sort un gros paquet en papier journal qu'elle déballe devant nous. Elle en sort un joli lustre blanc et pointe l'ampoule nue au plafond, au dessus de la table : "quand il y aura l'électricité, je l'accrocherai en haut...". La conversation se poursuit, j'apprends qu'il n'y a pas non plus d'eau courante dans l'appartement : il faut aller la chercher au puits, avec les sceaux. Il n'y a d'ailleurs ni douche, ni wc... La mère travaille à l'usine de chaussures à côté, dans le village, et emmène avec elle sa fille tous les jours, pour ne pas la laisser seule à la gare. Elle paraît fatiguée, et à la fois reconnaissante de l'aide qu'on lui apporte. La rencontre est émouvante, même si je n'ai pas grand chose à dire ou à faire: simplement les écouter, mais c'est déjà un bon début.

*Les excursions*

Tout dabord, je tiens à remercier Francine pour sa conduite remarquable : elle maîtrise sa voiture avec perfection, malgré les routes pour le moins dangereuses et les situations plus que délicates (une petite route de montagne escarpée à 1486 m d'altitude, à titre d'exemple).
Nous avons eu l'occasion d'aller visiter les cités saxonnes du centre (Brasov, Sighisoara...) et même sous la pluie, ces villes sont charmantes, bien plus que deva ou brad ! Nous avons passé les deux nuits du week-end dans un châlet à Porumbacu de Sus, à quelques km de brasov. Le châlet était tenu par l'association "l'arbre de joie" et mérite le détour (les chambres sont superbes et on y mange vraiment très bien).

Nous avons également profité des alentours de baia de cris. Le monastère de Crisan, à cinq minutes en voiture, est un des endroits qui m'a le plus plu.
Le festival de Gaina (la fameuse montagne à 1486 m d'altitude) offrait également une vue magnifique (cependant, ne demandez plus à Francine de retourner une seconde fois sur cette route, je pense que ça ne marchera pas !).
Les excursions se font surtout pendant les week-end, plus qu'en semaine où le rythme "normal" de la journée consiste à travailler le matin à l'école (10h30-13h30), à manger à 15h et à se reposer un peu l'après-midi, dans la maison ou au jardin. Le soir, nous sommes souvent sorties au village, dans un petit bar où le billard était gratuit et où nous avons rencontré les jeunes Roumains de Baia de Cris (et j'insiste sur le mot "Roumain" et non "Roumaine", parce que les filles ne sortent pas...).

*Pour finir...*

Mon périple en Roumanie ne s'arrête pas ici, puisqu'il me reste encore un mois pour vagabonder dans le pays avant de rentrer en France... Cela dit, en étant restée un peu plus de deux semaines chez Francine, j'ai déjà l'impression d'avoir vu beaucoup, et en particulier des choses que je n'aurais pas eu l'occasion de voir en voyageant seule (je parle en particulier des familles que l'on visite). J'ai apprécié de pouvoir rentrer chez des gens, de voir où ils vivent et, surtout, de les entendre raconter leur histoire. C'est probablement le meilleur moyen de comprendre l'histoire d'un pays en général, ce qu'il reste du passé (du communisme en particulier) et ce que les gens voudraient construire pour la suite. On parle beaucoup d'"ouverture" des pays de l'Est et d' "élargissement" de l'Europe mais en voyageant en Roumanie on s'aperçoit que le passé pèse plus que lourdement sur les mentalités et sur le fonctionnement des choses.
La maison de Francine est un lieu de vie agréable. Les chambres sont confortables, on mange bien (beaucoup de fruits et légumes!), on a accès à la douche et à internet tous les jours, sans problème. Je ne veux pas non plus dresser un portrait idyllique et il est bien évident que la vie en collectivité n'est pas toujours facile et peut comporter quelques accrocs (surtout quand il n'y a que des filles !). Mais cela dépendra peut être plus de vous, de votre habitude à vivre en collectivité ou non, de votre entente avec les autres ! Rien n'est insurmontable et le détour vaut quand même le coup !

Faustine