| |
|
Bilan du séjour en Roumanie du 3 au 21
juillet.
Tout dabord, je tiens à préciser que ce
compte rendu n'est pas complet et qu'il ne comporte que les
choses qui m'ont paru les plus importantes à écrire :
description de l'école, de la visite des familles et des
excursions... J'espère qu'il pourra néanmoins vous intéresser et
je vous invite d'avance à rejoindre le groupe «Baia de Cris, Des
français chez Francine» sur facebook, si vous souhaitez nous
contacter et avoir davantage d'informations!
*L'école, les enfants*
L'école où nous
travaillons tous les matins n'est pas située à Baia de Cris : il
faut prendre un train avec l'institutrice, dîte "Bouclette",
jusqu'à Brad, une petite ville aux allures années 60 : des
barres d'immeubles, grises, un peu délabrées : "*L'Etat n'a pas
d'argent pour rénover*"... Le train est plein, particulièrement
le jeudi (jour du grand marché) et l'on ne paye jamais la même
chose : 2,5 lei (avec le ticket), 1 lei (dans la poche du
contrôleur) ou même rien du tout, s'il y a trop de monde, qu'il
fait chaud et que le contrôleur n'a pas envie de sortir le
carnet. Le chemin de fer traverse les champs, les paysages sont
superbes.
Arrivées a Brad, direction l'école, à environ 20 bonnes minutes
de marche. Les enfants sont généralement en avance et nous
guettent au bout du chemin, puis courrent dans notre direction
quand ils nous voient (enfin!...) arriver... Ils s'accrochent à
notre cou, nous embrassent puis nous tiennent la main jusqu'à
l'école, fiers de nous montrer le chemin et la salle de classe
quand on ne la connaît pas encore. La salle est petite mais
regorge de décorations diverses, de boîtes de feutres et de
crayons, de jeux et de de perles ; une caverne d'ali baba ou
chacun arrive pourtant à s'y retrouver, et à trouver ce qu'il
cherche!... L'école est un lieu relativement ouvert : les
enfants sont libres d'aller et venir dedans ou dehors, voire en
dehors de l'école. On s'aperçoit vite que l'organisation de jeux
ou d'activités manuelles est délicate : les enfants sont curieux
mais avec nos trois mois de roumain qui tournent en boucle, on a
quand même du mal à leur expliquer qu'il faut découper le papier
de cette façon pour faire l'origami oiseau ou qu'il faut sauter
dans les cerceaux d'un seul pied et sans renverser les gobelets
d'eau qu'on leur a confiés. Il faut systématiquement passer par
Bouclette pour avoir une traduction, et ce n'est pas toujours
commode. C'est finalement un peu délicat d'avoir autour de soi
tous ces enfants qui attendent de nous beaucoup, qui veulent
nous parler, et d'être obligé de répéter l'éternel "*nu intseleg*"
(je ne comprend pas) à longueur de journée. D'un point de vue
strictement personnel, la barrière du langage est finalement ce
qui m'a le plus gênée dans ce travail. Les enfants sont
formidables, curieux et plein de vie, nous avons passé de bons
moments avec eux et ils ont apprécié notre présence, mais ne pas
pouvoir communiquer avec eux (du moins avec des mots) était
quand même frustrant!
*Les familles*
19 juillet: Francine
m'emmène avec elle voir une famille à qui elle distribue chaque
mois les 50 euros d'un parainage. Le père est absent, la mère
vit seule avec sa fille dans la gare de Baia de Cris. Je suis
passée devant la gare tous les matins, mais jusque là, je ne
suis jamais rentrée dans ces petites pièces fermées qui la
bordent. De l'extérieur, on ne voit que les rideaux aux
fenêtres, et parfois une ou deux têtes qui dépassent. Je suis
émue de pouvoir rentrer dans l'une de ces habitations. Deux
pièces ont été amménagées pour former un petit appartement qui
paraît correct à première vue: des meubles, une plaque pour la
cuisine, deux lits, un chauffage (...). Il y a même une
télévision et un poste de musique avec amplis, là haut sur
l'étagère. Mais pourtant, rien n'est branché... Francine
m'explique qu' il n'y a pas d'électricité : la mère a fait la
demande depuis un moment mais les locaux de la gare vont peut
être être vendus (la ligne n'est plus rentable). La gamine, une
petite blonde pleine d'entrain et toute souriante, pointe le
poste de télévision : "quand on aura l'électricité, je pourrai
regarder la télé en continu!...". La mère, elle, fouille sur
l'étagère et sort un gros paquet en papier journal qu'elle
déballe devant nous. Elle en sort un joli lustre blanc et pointe
l'ampoule nue au plafond, au dessus de la table : "quand il y
aura l'électricité, je l'accrocherai en haut...". La
conversation se poursuit, j'apprends qu'il n'y a pas non plus
d'eau courante dans l'appartement : il faut aller la chercher au
puits, avec les sceaux. Il n'y a d'ailleurs ni douche, ni wc...
La mère travaille à l'usine de chaussures à côté, dans le
village, et emmène avec elle sa fille tous les jours, pour ne
pas la laisser seule à la gare. Elle paraît fatiguée, et à la
fois reconnaissante de l'aide qu'on lui apporte. La rencontre
est émouvante, même si je n'ai pas grand chose à dire ou à
faire: simplement les écouter, mais c'est déjà un bon début.
*Les excursions*
Tout dabord, je tiens à
remercier Francine pour sa conduite remarquable : elle maîtrise
sa voiture avec perfection, malgré les routes pour le moins
dangereuses et les situations plus que délicates (une petite
route de montagne escarpée à 1486 m d'altitude, à titre
d'exemple). Nous
avons eu l'occasion d'aller visiter les cités saxonnes du centre
(Brasov, Sighisoara...) et même sous la pluie, ces villes sont
charmantes, bien plus que deva ou brad ! Nous avons passé les
deux nuits du week-end dans un châlet à Porumbacu de Sus, à
quelques km de brasov. Le châlet était tenu par l'association
"l'arbre de joie" et mérite le détour (les chambres sont
superbes et on y mange vraiment très bien).
Nous avons également
profité des alentours de baia de cris. Le monastère de Crisan, à
cinq minutes en voiture, est un des endroits qui m'a le plus
plu. Le festival
de Gaina (la fameuse montagne à 1486 m d'altitude) offrait
également une vue magnifique (cependant, ne demandez plus à
Francine de retourner une seconde fois sur cette route, je pense
que ça ne marchera pas !).
Les excursions se font surtout pendant les
week-end, plus qu'en semaine où le rythme "normal" de la journée
consiste à travailler le matin à l'école (10h30-13h30), à manger
à 15h et à se reposer un peu l'après-midi, dans la maison ou au
jardin. Le soir, nous sommes souvent sorties au village, dans un
petit bar où le billard était gratuit et où nous avons rencontré
les jeunes Roumains de Baia de Cris (et j'insiste sur le mot
"Roumain" et non "Roumaine", parce que les filles ne sortent
pas...).
*Pour finir...*
Mon périple en Roumanie
ne s'arrête pas ici, puisqu'il me reste encore un mois pour
vagabonder dans le pays avant de rentrer en France... Cela dit,
en étant restée un peu plus de deux semaines chez Francine, j'ai
déjà l'impression d'avoir vu beaucoup, et en particulier des
choses que je n'aurais pas eu l'occasion de voir en voyageant
seule (je parle en particulier des familles que l'on visite).
J'ai apprécié de pouvoir rentrer chez des gens, de voir où ils
vivent et, surtout, de les entendre raconter leur histoire.
C'est probablement le meilleur moyen de comprendre l'histoire
d'un pays en général, ce qu'il reste du passé (du communisme en
particulier) et ce que les gens voudraient construire pour la
suite. On parle beaucoup d'"ouverture" des pays de l'Est et d'
"élargissement" de l'Europe mais en voyageant en Roumanie on
s'aperçoit que le passé pèse plus que lourdement sur les
mentalités et sur le fonctionnement des choses.
La maison de Francine
est un lieu de vie agréable. Les chambres sont confortables, on
mange bien (beaucoup de fruits et légumes!), on a accès à la
douche et à internet tous les jours, sans problème. Je ne veux
pas non plus dresser un portrait idyllique et il est bien
évident que la vie en collectivité n'est pas toujours facile et
peut comporter quelques accrocs (surtout quand il n'y a que des
filles !). Mais cela dépendra peut être plus de vous, de votre
habitude à vivre en collectivité ou non, de votre entente avec
les autres ! Rien n'est insurmontable et le détour vaut quand
même le coup !
Faustine
|
|
|
|