Comme
chaque matin, les enfants courent vers nous pour nous accueillir à notre
arrivée à l’école. Je venais donner un peu de mon temps, espérant «
apporter une goutte d’amour dans un océan immense ».
Après deux semaines passées en
compagnie de ces charmants agités et autres doux calmes, voilà la valise
de mon cœur bien remplie, du cadeau de leur tendresse, de leur sourire,
et des bribes de leur histoire difficile à entendre parfois.
De même que la Roumanie est un
pays de contrastes où se côtoient charrettes et bolides sur la route, de
même ces enfants m’apparaissent comme blessés et plein d’amour à
offrir à la première occasion. Résonne en moi une voix criant un «
Anna-Christina » traînant, écho roumain qui restera imprimé dans mes
souvenirs.
Moi qui m’inquiétais des
activités à leur proposer, stressée que j’étais que tout ne soit pas
parfaitement prêt, que je ne sois pas devenue bilingue et que je ne sois
pas incollable sur l’histoire de la Roumanie... Voilà que j’ai
découvert l’essentiel au fur et à mesure...
Le nécessaire : effectivement
préparer les activités et avoir des bases de cette langue roumaine pas
si éloignée de la langue française… Mais l’essentiel : faire passer
aux enfants le plaisir de passer du temps en leur compagnie, leur montrer
qu’ils sont chacun uniques et d’une valeur incommensurable.
De belles rencontres donc, avec
des jeunes très divers : d’un côté des petits bouts hauts comme trois
pommes et de l’autre de grands gaillards nous montrant leurs muscles,
chacun demandant à être rassuré à sa manière.
Je me mets à regretter de ne pas
mieux parler la langue pour discuter avec ces grands et leur proposer des
jeux avec quelques règles un peu élaborées.
Et puis d’autres rencontres, en
dehors de l’école, une jeune Roumaine de 20 ans qui fait de grands
efforts pour réussir ses études.
La comparaison avec la France se
fait instantanément...
Je souhaite que les jeunes de mon pays découvrent la réalité d’ici.
Et rencontre aussi d’autres
personnes venues animer le temps passé avec les enfants à l’école et
de cinq Françaises au Point-Cœur de Deva, venues un an ou plus pour
apporter leur goutte d’eau à elle.
Encore d’enrichissantes rencontres...
Ce passage en Roumanie restera
dans mes souvenirs la rencontre d’une Europe en construction, dans
laquelle l’extrême pauvreté aperçue met en lumière la trop grande
richesse d’une autre Europe.
Anne-Christine