Association Casa de Copii

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La page de Sabine - 2005
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Casa de copii - Sabine en Roumanie - Eté 2005

Sabine, 23 ans

Infirmière

Etudiante en coordination de programme de développement

L’objectif de mon voyage en Europe de l’Est, et particulièrement en Roumanie, est de mieux cerner les systèmes sanitaires et sociaux prévus pour les enfants en difficulté : issus de famille pauvre, déficients mentaux, victimes d’abandon. 

J’ai rencontré durant ma première semaine des acteurs de ces secteurs: 
- la directrice de l’orphelinat d’Hunedoara. Cette structure accueille des bébés de 3 semaines à 2 ans abandonnés ou « momentanément » confiés par des parents trop démunis. Elle héberge et scolarise aussi des enfants déficients mentaux ;
- la directrice de l’hôpital de Brad ;
- le directeur d’une structure d’accueil pour enfants, jeunes et adultes déficients mentaux à Siméria Vech;
- la directrice de l’orphelinat de Brad.

J’ai travaillé durant ma seconde semaine dans deux de ces structures :
- 3 jours à Hunedoara auprès des bébés ;
- 2 jours à Siméria Vech auprès des personnes déficientes.
Et j’ai aussi rencontré :
- la directrice de l’association Connexion qui prend en charge les victimes de la maltraitance et de la traite des êtres humains ;
- les filles de Point Cœur qui interviennent dans la rue auprès de jeunes Tsiganes ;
- l’inspectrice des relations publiques et de l’intégration européenne.

Il est à présent difficile de résumer en quelques mots cette expérience atypique et je tiens tout d’abord à remercier l’incroyable Francine pour toutes ces portes qu’elle m’a ouvertes.

Les textes de lois sur les Droits de l’Enfant sont similaires de ceux que nous avons en France et plus largement dans le Monde. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient appliqués, comme ici en Roumanie. Les moyens humains, financiers et matériels sont en inadéquation avec les besoins pour le bon développement des enfants en situation difficile. Les volontés des politiques ne sont que trop souvent paroles sans actes.

- Les enfants qui vivent dans une famille touchée par la pauvreté n’ont pas l’assurance d’avoir un habitat, la nutrition adéquate, les soins médicaux et les opportunités d’étudier après le lycée. Après les cours, ils n’ont pas d’activité extra-scolaire et traînent au pied des immeubles. Les parents n’ont souvent pas la possibilité de les aider à travailler leur cours (analphabétisme, manque de temps…) et il leur faudrait un soutien extérieur, un éducateur. Ce dernier ferait la référence d’un adulte capable de les écouter, les comprendre, les orienter… 

- Les enfants déficients n’ont pas de perspective d’avenir en Roumanie, sauf s’ils ont la chance d’être dans une structure telle que celle de Siméria Vech. En effet, le directeur est une personne qui a su rechercher d’autres soutiens que celui de l’Etat (35% de fonds Suisses) et développer des activités permettant la durabilité de cette structure. Ainsi il garantit, outre un hébergement et une alimentation saine, la scolarité, la formation professionnelle et aussi l’emploi, tout en respectant le choix de chacun. 

- Le nombre d’enfants abandonnés est toujours important. Face aux exigences d’une future et hypothétique entrée en Union Européenne en 2007, les modes de prise en charge de ces enfants subissent d’importantes mutations telles que : la réduction du nombre d’orphelins par structure, la fermeture ou la « privatisation » des orphelinats, le développement d’hébergement en famille, l’aménagement d’appartements pour enfants avec éducateurs…

Ces mutations semblent positives et à caractère plus humain qu’auparavant. Cependant les DDASS n’ont pas les moyens adéquats pour répondre aux besoins de ces enfants car il manque de structures alternatives, de personnel formé (accentué par les choix politiques de réduction des travailleurs sociaux), de matériel pédagogique… Les DDASS manquent de moyens financiers et ont de grandes difficultés à bien distribuer leur enveloppe budgétaire. Sans le soutien d’organismes étrangers, les structures d’accueil pour enfants abandonnés demeurent extrêmement précaires.

Dans ce contexte actuel, la Roumanie fonctionne à deux vitesses : 
- ceux qui sont nés ou qui ont réussi à entrer (de manière plus ou moins saine) dans le train, qui y restent coûte que coûte ;
- ceux qui boitent tant qu’ils peuvent dans l’espoir d’attraper ce train qui ne sait les attendre…

Mais en dépit de tout, les Roumains conservent un sacré sens de l’hospitalité, de la jovialité… qui me laissent un souvenir impérissable. 

Sabine.